Accident de ma fille – mars 2020

expatriation au costa rica

Accident de ma fille – mars 2020

Je vais vous expliquer en détail l’accident de ma fille. Si vous trouvez cela très long, trop long, lisez seulement les conseils en gras. D’une part, cela pourra vous permettre d’éviter un jour un accident et d’autre part de voir comment le système de santé fonctionne au Costa Rica dans le cas d’un accident de transito (de circulation).

Ce lundi après-midi, et sur le conseil d’un expatrié qui a, soi-disant, un bon plan à partager, qui connaît bien le patron et qui m’a obtenu un prix d’ami, nous nous rendons à Jaco, chez AXR adventure. Sur place, l’accueil est plutôt informel et l’agence me paraît être plutôt une usine à touriste.

J’ai eu contact avec le patron, sur whatsapp et qui m’a fait un prix spécial sur base de la recommandation de mon « ami » (je me rends compte que le prix demandé est le même pour n’importe qui !).

1er conseil : éviter les trop grosses agences touristiques où vous serez traités comme du bétail.

Après m’avoir demandé une caution avec ma carte de crédit de 400 USD, nous faisons connaissance avec le guide, un certain David, qui nous répète à plusieurs reprises que si nous avons un accident, les frais seront à notre charge. Cela veut sans doute dire que cela arrive assez souvent et je me méfie, mais l’endroit m’a été recommandé, donc…

Ma fille a ses baskets au pied et désire déposer sa casquette et ses sandales. Le guide lui dit que ce serait mieux de mettre ses sandales. Nous avons indiqué au guide que nous sommes débutants et que ma fille n’a pas son permis de conduire, mais cela n’a pas l’air de le déranger ni de l’inquiéter plus que ça. Après une explication très rapide, nous sommes à trois et nous prenons le départ.

Nous n’avons pas eu le temps que nous rôder au maniement de la machine que nous nous trouvons directement dans la circulation sur la grande rue de Jaco qui longe la mer, nous prenons la première à droite et après quelques minutes, nous arrivons sur la grand-route. À deux reprises, je suis à la traine, je trouve que ce quad n’est vraiment pas stable et je ne suis pas rassuré.

Nous traversons la grand-route (heureusement, il n’y a pas grand monde) et nous prenons la route des montagnes. Le guide roule très vite, trop vite ! À deux reprises et à nouveau, ma fille et le guide doivent m’attendre. Je fulmine : « putain, il croit qu’il fait une course ce con de guide ! » Intuition, malaise, quelques minutes plus tard, ma fille qui tentait de suivre le guide freine brutalement et vole dans le décor. J’étais tellement loin d’elle que je n’ai pas vu l’accident (ce n’est pas peu dire comme le guide roulait à vive allure) ! J’aperçois un quad sur le côté de la route et trouve bizarre qu’un type fasse sa sieste à cet endroit lorsque je réalise que c’est ma fille ! Elle me crie qu’elle s’est luxé la rotule et je suis à côté d’elle lorsque le guide revient enfin sur ces pas (il était tellement loin qu’il est arrivé après moi alors que ma fille le talonnait).

2e conseil : Ne jamais essayer de suivre un guide, et surtout, dites-le à votre enfant afin qu’il ne pense pas qu’il ne faut absolument pas démontrer au guide qu’on gère !  Si vous ne sentez pas une activité, arrêtez-vous et exprimez vos craintes, et faites toutes les activités à votre propre rythme.

Après l’arrivée de l’ambulance, un des infirmiers a coupé le pantalon de ma fille pour voir la luxation. Oh bonheur, lorsqu’elle s’est retournée de l’autre côté, sa rotule a repris sa place. Arrivé à la clinique de Jaco, on me demande le passeport de ma fille et on me dit qu’ils doivent remplir des documents, je suis donc l’administratif qui me pose quelques questions et je suis séparé d’elle. On me demande d’attendre dans la salle d’accueil, on m’appellera ensuite. Un médecin crie mon nom et je peux enfin rejoindre ma fille après une bonne demi-heure. Il l’ausculte, tâte son genou et me dit qu’il faut faire des radios et qu’il faut la transporter en ambulance à l’hôpital de Puntarenas (1h15 de route de Jaco). Je lui demande si c’est vraiment nécessaire et il me confirme que ma fille ne peut pas être transportée autrement.

Comme ma voiture est en face de l’hôtel et que nos affaires sont déjà à l’hôtel (heureusement pas dans la chambre), et que ma fille a laissé ses baskets et sa casquette chez AVX, je lui signale que je vais aller chercher ma voiture et que je vais suivre l’ambulance.  Il me dit que je n’ai qu’à appeler la secrétaire pour demander à l’ambulance de venir lorsque je suis de retour.

Je vais avertir ma fille que l’on va la transporter à l’hôpital de Puntarenas, car ils ne savent pas faire de radio ici ! On est à Jaco, une des villes les plus touristiques du Costa et dans la clinique, il n’y a pas de quoi faire des radios, étrange tout de même sachant qu’il faut une heure et quart pour rejoindre cet hôpital. Ma fille se plaint de la planche en bois sur laquelle elle se trouve. Je demande au médecin si on peut enlever la planche, mais il refuse prétextant que si on doit la transporter, il faut la laisser !

 Après avoir été chercher la voiture, je dois donc avertir la personne de l’accueil qu’il faut appeler l’ambulance, mais étrangement, elle m’amène dans un bureau ou une dame commence à me poser à nouveau des questions sur l’état civil de ma fille et me demande son passeport (que j’avais déjà donné lors de mon arrivée à l’accueil). Je lui dis que je ne sais pas retourner auprès de ma fille, car il y a des pièces (ou des médecins reçoivent des patients) entre l’accueil et la pièce d’arrivée des urgences. Elle me dit que si, je peux aller voir ma fille… Je voudrai bien moi, mais quoi, je dois interrompre la consultation d’un médecin pour rejoindre ma fille ? Étrangement, il y a une pièce avec une vitre teintée et on m’indique que je peux passer par là sans même demander l’avis de la personne qui y travaille. Je passe donc par ce bureau pour rejoindre la longue pièce (compartimentée en plusieurs endroits où se trouve plusieurs autres patients) où se trouve ma fille toujours sur sa latte de bois.

Je vais chercher le passeport de ma fille, je reviens auprès de la dame qui me demande alors si je veux l’envoyer dans un hôpital pour les étrangers. Je ne comprends pas pourquoi ? (Par la suite, j’ai compris, car si vous ne parlez pas espagnol, peu de personnel soignant parle anglais et il est souvent très difficile de répondre aux nombreuses questions que le personnel vous pose ou bien de comprendre ce que vous devez faire (la marche à suivre) par la suite.

La secrétaire me demande de régler la facture des soins effectués à Jaco (33.000 colones) et comme je demande que ma fille soit transportée jusqu’à Puntarenas, je dois régler (147.000 colones) – 127 km à 923 colones + frais administratifs. Ce qui est étonnant, c’est qu’après, je ne paierais plus aucuns frais pour mon passage à la clinique de Puntarenas et aucuns frais pour les visites et l’opération de ma fille à l’hôpital de l’INS (car le cas est reconnu comme un accident de transito (sur la route publique). 

Après une heure et demie à essayer de suivre l’ambulance, nous arrivons à l’hôpital de Puntarenas, l’ambulancier veut absolument mettre ma fille sur un fauteuil roulant. Je refuse (soi-disant, cela ira plus vite, je pense que s’il l’avait mise sur un fauteuil roulant, il pouvait récupérer son brancard et rentrer plus vite chez lui ?).

Le service des urgences de Puntarenas est assez impressionnant, car les lits, avec les patients, sont rangés le long des couloirs. C’est ainsi qu’avec ma fille, toujours sur un lit, nous participerons un peu à la vie de ce service très particulier (les secrétaires blaguent avec les médecins et infirmières, ils se partagent des paquets de chips, certains boivent du redbull, et cela permet de patienter. En Belgique, lorsque vous êtes au service des urgences, vous êtes isolés dans une pièce, ce n’est pas le cas ici. Du coup, on discute avec d’autres malades et parents de malade et on échange un peu nos petits problèmes et on explique nos ennuis de santé. Pendant les quelques heures et entre les radios effectuées sur ma fille, son intraveineuse pour lui donner un calmant, nous voyons arriver quelques urgences et même passer un corps sans vie sous une couverture – cela fait un drôle d’effet ! Vers vingt-trois heures, nous avons la confirmation que ma fille a la clavicule cassée et nous nous rendons chez le bandagiste, qui lui fait un bandage de dépannage et qui me rappelle que, comme c’est un accident de transito, nous devons nous rendre le lendemain à l’INS pour continuer les soins.

Conseil 3 – si votre connaissance de espagnol n’est pas suffisante, demandez qu’on vous dirige vers un hôpital pour étranger où le personnel soignant parle anglais – mais l’hôpital INS est gratuit en cas d’accident de la route et je ne pense pas que ce soit le cas pour les hôpitaux « pour étrangers », donc une bonne raison pour apprendre l’espagnol (comme s’il en fallait une de plus).

L’Ins, je connais : c’est les bureaux où l’on peut contracter des assurances, mais je ne connais pas l’hôpital du Trauma de l’INS de San José (comme quoi, les expatriés ne communiquent jamais rien d’important sur les groupes et que vous avez bien fait d’acheter mon livre haha).

Mais ne leur jetons pas la pierre, ni le docteur ni le bandagiste ne sait me dire où je dois aller et c’est en contactant un de mes amis le lendemain (qui est de longue date ici) qu’il m’indique qu’il existe un hôpital INS à Uruca (San José).

Une dernière formalité après le bandagiste, je dois me rendre à la pharmacie pour recevoir les médicaments que ma fille devra prendre jusqu’à l’opération. Inutile de vous dire que la pharmacienne ne trouvait pas les médicaments et qu’après m’avoir invité à poireauter une vingtaine de minutes, elle m’a rappelé et a mieux regardé dans les paquets qu’elle avait depuis le début et a trouvé les médicaments ! Pura Vida.

Nous sommes arrivés vers 17h30 à Puntarenas, nous repartirons à 1h du matin.  Nous partons en voiture pour rentrer à la maison (encore une heure de plus).

Le lendemain, nous nous rendons à Ins Hopital du Trauma. Nous arrivons à 12h et nous prenons un ticket. À 14h, nous sommes reçus à la « ventana » (administratif) pour expliquer l’accident, les circonstances et redonner les infos sur ma fille. Nous attendons encore une demi-heure et nous voyons le médecin qui l’ausculte et nous dit qu’après avoir fait les radios, il est possible que ma fille doive se faire opérer. Ma fille part faire de nouvelle radio. Retour dans la salle d’attente, vers 15h.

Vers 15h30, le médecin veut me parler et me dit qu’il faut opérer la clavicule de ma fille. Au début, je refuse l’opération : je ne veux pas que ma fille passe plusieurs jours dans un hôpital, mais après avoir discuté avec le docteur, elle me dit que c’est une opération de jour (pas de nuit à l’hôpital) et donc j’accepte. Je pense comprendre que l’opération aura lieu après-demain. Je suis étonné que ce soit aussi rapide !

Je dois aller à l’accueil à nouveau chercher des papiers. Le réceptionniste me tend un papier et me dit que c’est pour la prise de sang à 10h et m’indique le Laboratorio. Il m’indique également que nous devons nous rendre à 13h au bâtiment principal (je pense et crois que c’est pour se faire opérer et si je trouve que c’est très curieux, je n’en suis plus à une surprise près au Costa Rica). En sortant avec ma fille, je suis rassuré, et en plus je vais pouvoir me reposer un peu, car le rendez-vous est pour après-demain.

Le surlendemain, je me lève tôt et je vérifie le papier et me rends compte que je me suis trompé : le document indique le 4 mars et nous sommes le 5 mars ! Je suis complètement paniqué, j’essaye de téléphoner à l’hôpital, au docteur, pour expliquer que nous avons loupé le rendez-vous pour la prise de sang et l’opération, mais pas moyen d’obtenir une réponse, il est à peine 7h du matin. Je cherche aussi fébrilement dans les papiers, mais pas moyen de retrouver le deuxième document que je pense avoir reçu du réceptionniste. J’ai bien la demande de prise de sang, mais pas le document pour l’opération.  Je décide donc d’aller directement avec ma fille à l’hôpital. Nous arrivons un peu paniqués à l’hôpital, nous expliquons le cas, et la personne de l’accueil m’assiste devant l’écran pour prendre un ticket pour la « reprogrammation d’une visite médicale ». Cela va assez vite, une demande à la « ventanilla » nous reçoit et elle nous repose à nouveau les mêmes questions. Ensuite, étage 3, bureau 9, une infirmière prend la tension de ma fille et nous indique qu’il faut attendre ensuite au « consultario » 14 ou un médecin va nous recevoir. Le document que j’avais reçu à l’accueil (et que j’ai remis au bureau 9) indiquait la visite pour 10h45 et il était 9h30.

Nous attendons jusqu’à 11h et je remarque que des personnes arrivées après nous sont appelées avant nous ! Je me décide à interrompre le médecin qui vérifie sur son ordinateur l’heure de ma visite : pas de visite, sans doute chez sa collègue au bureau 15 ? Elle vérifie et me confirme que c’est bien cela. Je vais chez la collègue qui me dit qu’elle n’a pas de rendez-vous pour moi, elle me demande le papier de la visite que je n’ai bien entendu pas, et je dois lourdement insister pour qu’elle vérifie que je ne suis pas dans son pc.

Ah oui, je suis bien dedans, elle va nous appeler ! Quelques minutes après, nous sommes dans son bureau à indiquer et pour la trentième fois l’âge de ma fille, si elle fait des allergies, etc. Je signale que ma fille doit reprendre l’avion le 17 mars et elle téléphone au service de chirurgie. L’opération pourrait avoir lieu mardi prochain et elle me fait comprendre que l’opération n’a jamais été programmée hier et que nous n’avions rendez-vous que pour la prise de sang (le rendez-vous que nous avons manqué). Je suis soulagé. Avec le recul, je réalise que l’administratif qui m’avait donné le papier pour la prise de sang m’indiquait que je devais revenir au bâtiment central pour avoir un rendez-vous avec le médecin pour déterminer la date de l’opération ! La fatigue, mon espagnol qui n’est pas à 100 pour cent et vous avez vite fait de mal comprendre les instructions.

Bon à savoir : lorsque vous avez rendez-vous dans un hôpital, il est certain que vous recevrez un papier vous donnant la date et l’heure du rendez-vous. Après une visite chez le médecin, des radios …, vous devez toujours repasser chez la secrétaire (ou l’administratif) pour qu’il vous donne la marche à suivre et un autre document.

Nous partons pour faire la prise de sang au laboratoire, qui se fait très rapidement et obtenons un rendez-vous pour le lendemain pour parler de l’opération. Rendez-vous pris à 9h.

Le lendemain, nous arrivons au rendez-vous à 9 heures et nous sommes étonnés de nous retrouver dans une salle d’attente qui est remplie. Après une demi-heure d’attente, on nous fait rentrer dans une pièce avec toutes les autres personnes, on nous diffuse une petite vidéo pour nous expliquer les choses à faire et à ne pas faire pour la future opération. Après cette diffusion, l’infirmière parle encore pendant une bonne demi-heure et explique les consignes (elle mâche ses mots et j’ai du mal à tout comprendre). Après cela, elle nous indique que nous pouvons rester dans la salle et qu’elle va nous prendre en premier. Le fait que ma fille soit la seule en fauteuil roulant peut expliquer le fait que nous passons en premier.  Après avoir donné le passeport et répondu aux questions habituelles (allergie, état de santé, antécédents, etc.), elle nous indique que l’opération aura lieu le mercredi (et non pas le mardi). On pose une série de questions et puis elle nous indique que nous devons nous rendre chez la secrétaire pour recevoir un document d’incapacité. J’explique que nous n’avons pas besoin de ce document (ma fille est touriste) et je dis que je ne sais pas où je dois me rendre ! Elle téléphone pour que la secrétaire vienne apporter le fameux document. Après avoir patienté 5 minutes, elle nous indique qu’il y a plein de personnes qui attendent et que nous devons attendre la secrétaire et le document dans la salle d’attente.

Une demi-heure passe, l’infirmière passe à côté de nous et je l’interpelle en lui demandant si nous devons encore attendre. Elle se retourne vers une personne qui l’accompagne et la personne qui est la secrétaire lui indique que le document qu’on attend est dans son dossier ! Quelques minutes plus tard, l’infirmière revient avec le document. C’est simplement le document qui indique notre prochaine visite le jour de l’opération. Nous devons arriver à 5h du matin pour l’admission et ma fille se fera opérer à 11h, si tout va bien et peut rentrer en fin d’après-midi… À suivre.

Le jour de l’opération, nous arrivons donc à 5h devant le parking. Reçu aux admissions, je dois attendre à l’extérieur de la salle d’attente (seuls les patients ont le droit de rentrer). J’insiste et ils acceptent que je rentre, car ma fille ne parle pas espagnol et devinez quoi : ils me posent encore des questions sur ses allergies, son âge, son poids (ça, c’est nouveau), sa taille en plus de toutes les questions que l’on pose durant cette période trouble du Coronavirus (fièvre, contact avec un malade, toux ..).

L’opération s’est bien déroulée, après s’être réveillée, un infirmier est venu me chercher et à 12h, nous sortions de l’hôpital. Après l’hôpital de Jaco, je n’ai jamais plus rien payé pour toutes les visites, les médicaments et même pour l’intervention chirurgicale.

AXR m’a compté encore 79 usd pour la réparation du Quad, j’ai demandé un document (facture) et le patron m’a dit qu’il me l’enverrait. Je n’ai rien reçu et je viens de déposer une plainte contre cette société.

Heureusement, ma fille s’est bien remise de son intervention et commence à nouveau à être autonome et est prête à rentrer à la maison après des vacances plus ou moins gâchées pour nous deux. Une histoire qui avait mal commencé et qui finit plutôt bien, vu les circonstances.

Share Button